Aujourd’hui réfugiée en France, la compagnie KnAM Théâtre nous parle du conflit qui déchire son pays.
Le Bonheur, Ma petite Antarctique, Je n’ai pas encore commencé à vivre… Les pièces de Tatiana Frolova prennent le pouls de la Russie contemporaine en faisant résonner les voix de femmes et d’hommes qui rendent compte de leur quotidien.
Installée depuis 1985 au KnAM Théâtre, lieu de fabrique de spectacles politiques qu’elle a fondé à Komsomolsk-sur-L’amour, en Extrême-Orient russe, la metteuse en scène a quitté son pays avec toute son équipe au printemps 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Premier spectacle de la compagnie créé en exil, Nous ne sommes plus… nous dit pourquoi les artistes du KnAM Théâtre ont fui la Russie. Peut-on faire rentrer toute sa vie, et 37 ans de travail, dans une valise de 23 kg ? Et qu’est-ce qu’on emporte lorsqu’on part ? Qu’est-ce qu’on laisse derrière soi ?
À partir des souvenirs d’enfance, d’objets ramenés mais aussi des témoignages, Tatiana Frolova questionne les notions de mémoire et de trace. C’est sa façon de résister à la guerre. Sans arme. À la force de son cœur et de son talent.
“Nous rassemblons des souvenirs à partir de morceaux de photographies déchirées et d’objets délabrés, comme si nous voulions recoller le miroir brisé de la mémoire, celui qui garde en lui les images de nos ancêtres. Nous cherchons avidement à comprendre qui nous sommes, d’où nous venons, où sont nos racines et quelles empreintes et traces de nos grands-parents portent nos corps aujourd’hui.”
– Tatiana Frolova