DANSE | „Sophiatown“ de Via Katlehong, hommage à la lutte anti-apartheid

Danser les townships d’Afrique du Sud

La troupe Via Katlehong rend un hommage énergique à la lutte anti-apartheid à travers sa nouvelle création “Sophiatown”.

Comme l’est Harlem pour New York, Sophiatown est pour Johannesburg le lieu de luttes politiques et artistiques dans l’histoire de l’Afrique du Sud.
La saveur et l’énergie inaltérables des Via Katlehong se mettent au service de ce symbole.

Figure emblématique d’une danse de rue qui dénonçait l’apartheid, la compagnie sud-africaine Via Katlehong Dance est à Lyon pour la première fois. Ils sont neuf danseurs à vouloir tout casser sur des rythmes joyeux, traditionnels, hip-hop et tap dance.

Avec leur nouvelle pièce créée à Lyon début novembre 2013, les Via Katlehong mettent leur danse née dans les townships sud-africains au service d’un hommage à Sophiatown, quartier emblématique de Johannesburg anéanti par l’apartheid.

LA TROUPE

Créée en 1990, alors qu’une Afrique du Sud multiraciale se met lentement en place, la compagnie Via Katlehong Dance tire son nom du township Katlehong, dans l’East Rand, qui fut très actif au moment des grandes révoltes des années 1980. Depuis, elle poursuit le combat en faveur des quartiers pauvres, à travers ses spectacles et par la transmission de ses danses aux jeunes qui régulièrement la rejoignent et participent aux tournées, tout ceci sans aucun soutien financier hormis les tournées

Le travail de la compagnie mélange la pantsula, le gumboot (danse exécutée par les mineurs sud-africains en bottes de caoutchouc, avec des frappes sur les cuisses et les mollets), la tap dance (claquettes) qu’ils interprètent habituellement avec des baskets cloutées, le hip-hop et les chants traditionnels. Même si, aujourd’hui, la rage et la haine ont fait place à une danse moins amère, cette compagnie s’impose avec une fureur de vivre et le désir d’évoquer un quotidien souvent difficile, transformé par sa vitalité et sa virtuosité scéniques.

La bande des Via Katlehong s’agrandit ici : les « boys » sud-africains sont rejoints par des « girls ». Les Via Katlehong séduisent les publics du monde entier avec leurs shows à la vitalité contagieuse qui célèbrent traditions, couleurs et rythmes de leur pays. Ce spectacle « mixte » a l’ambition d’apporter un témoignage festif sur Sophiatown, la célèbre banlieue de Johannesburg détruite à la fin des années 50, et qui demeure aujourd’hui encore le symbole de la lutte des artistes sud-africains. Sophiatown fut le berceau des premières luttes anti-apartheid, qui elles-mêmes favorisèrent l’émergence de nombreux styles de musiques et de danses. Sur les tubes de Dorothy Masuka ou Miriam Makeba,on danse le tsabatsaba ou le kofifi. Accompagnés de trois musiciens jazz, les Via Katlehong nous font revivre ces moments forts de la culture africaine, l’époque de « Happy Africa ».

RAPPEL HISTORIQUE

Durant les années 1960, le régime de l’apartheid a déplacé une grande partie de la population noire d’Afrique du Sud dans les townships en périphérie des villes, où régnaient pauvreté et criminalité. C’est au cœur d’un mouvement contestataire prônant la non-violence qu’est née la pantsula, une danse de rue très énergique dont la gestuelle mime les scènes de vie des ghettos, s’apparentant quelque peu à un hip-hop non acrobatique.

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