De femme en femme, se transmet un terrible héritage gardé secret la plupart du temps. Le viol et ses enfants.
Chanteuse, auteur et chorégraphe, Dorothée Munyaneza a souhaité connaître leurs histoires. Unwanted, créé en trio avec la chorégraphe, le compositeur Alain Mahé et la remarquable chanteuse-musicienne afro-américaine Holland Andrews, rend un fabuleux hommage à leurs forces de vie.
© Texte & Cover : Pole Sud
Après un intense parcours d’interprète, Dorothée Munyaneza a créé Samedi Détente, une pièce poétique toute en retenue, alliant gestes et voix pour témoigner, à partir de sa propre histoire, du génocide des Tutsis au Rwanda. Unwanted poursuit le chemin de l’indicible en évoquant les violences faites au corps des femmes.
« Je veux parler d’elles, qui ont vécu le viol comme arme de destruction massive, je veux parler d’eux, enfants de bourreaux et de victimes. Je les ai rencontrés. J’ai été touchée par la beauté de leurs gestes et leur générosité. »
Du silence aux récits recueillis, Dorothée Munyaneza, toujours hantée par la violence ne dérive pas de cet espace où l’humanité bascule dans le cauchemar de l’inconcevable. Après avoir confronté sa propre mémoire à celle de son pays, la voici face à de nouvelles questions sur le fil ténu qui relie la nécessité de son engagement à sa démarche artistique : comment chorégraphier la grandeur des êtres qui se relèvent après le massacre ? « Cette dignité que l’on retrouve d’ailleurs dans toute l’œuvre de Bruce Clarke », le plasticien associé à la création de cette pièce avec le compositeur et improvisateur Alain Mahé. Accompagnée de ces complices de création, Dorothée Munyaneza livre au public une ode vibrante à la féminité et la dignité.